Faut-il remercier l'Union européenne d'investir dans nos économies ?
Une Europe généreuse ?
Au premier semestre 2014, de nombreuses publications officielles ont eu de grands égards lénifiants pour la marâtre de Bruxelles à l’instar des magazines des conseils régionaux de Haute-Normandie
« l'Europe en Haute-Normandie, partout et pour tous » ou l'adaptation bruxelloise de Europa über alles
Pour prouver l’omnipotence de l’Union européenne dans notre vie quotidienne, ces autorités territoriales ont égrainé les milliards d’euros de généreux fonds européens structurels et d’investissement dont elles bénéficient
Et pour preuve, grâce à l’Europe, des établissements ont pu acheter des machines high-tech joliment logotées du drapeau étoilé et ainsi rester dans la compétition internationale. “L’Europe s’engage en Haute-Normandie”. “L’Europe donne de l’argent à nos agriculteurs.”, ”L’Europe aide nos régions”, “L’Europe construit des routes et des ponts.”… mais quel déchaînement francophile ! D’où vient l’argent ? Serait-ce les Roumains fraîchement “européens” ou les Allemands tout-puissants qui financent l’innovation dans les régions françaises ?
Le revers de la médaille
Pourquoi ne pas expliquer que la France est, comme tous les États-membres vassaux, rançonnée par “principe de solidarité” et que le retour exact des fonds “n’est pas dans l’esprit de l’adhésion à l’Union européenne”. Le seigneur européen nous redistribue comme bon lui semble, c’est-à-dire seulement 60% de notre contribution
À y regarder de plus près, les gros drapeaux collés fièrement sur ces matériels de compétition devraient être bleu-blanc-rouge. En réalité c’est encore la France qui s’engage pour le développement de nos territoires. C’est la France qui remet « à flot » les infrastructures et l’outillage du port de Dieppe, qui construit cette maison de santé de Signy-le-Petit et qui verse encore, et sans en faire de publicité, 8 400 Mds d’euros aux technocrates de van Rompuy.
Ricardo-Barroso recycle les avantages comparatifs
Le grand argentier de nos économies est plutôt exigeant. José Manuel Barroso veut désormais inculquer une Kultur des résultats.
L’argent qu’il consent à rendre à nos régions doit désormais déboucher sur des investissements judicieux, qui bénéficient non pas égoïstement à leurs seuls petits terroirs mais à l’ensemble de l’Union européenne.
Nos régions ne sont d’ailleurs pas les seules bénéficiaires de ces fonds. Pour casser les matrices et les logiques nationales, la commission s’applique à construire des stratégies macrorégionales et veut renforcer le poids des eurorégions transnationales.
La Kultur des résultats de Barroso a un nom et un slogan bien ambitieux : la stratégie Europe 2020, pour une croissance intelligente, durable et inclusive. Elle implique notamment une « spécialisation intelligente »
Après avoir servi à faire comprendre aux français que la destruction de leurs emplois industriels était peut-être une bonne chose, la vieille théorie des « avantages comparatifs » reprend du service pour sauver captain Europe.
Gilles Desruisseaux Pour Stageiritès
Notes
- ↑ Ma Région n°129, mai 2014
- ↑ RCA MAG n°88 - printemps 2014
- ↑ Le fonds européen de développement régional (FEDER), le fonds européen agricole pour le développement rural (FEADER), Fonds Europé maritimes et la pêche (FEAMP), et le Fonds Social européen (FSE)
- ↑ Chiffres de 2012 – commission européenne
- ↑ ibidem
- ↑ Panorama inforegio n°48 (hiver 2013), magazine trimestriel de la commission européenne consacré aux acteurs du développement régional
- ↑ ibidem
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